Effets psychophysiologiques de la musique

Les effets psychophysiologiques de la musique dépendent de plusieurs facteurs. Une musique va avoir sur le sujet des effets différents suivant l’expérience auditive du sujet, sa culture, sa personnalité et sa sensibilité, mais aussi suivant la combinaison de plusieurs éléments musicaux entre eux. Des recherches ont été effectuées pour tenter de mieux comprendre les réactions du sujet à la musique, mais les résultats de ces recherches restent parfois encore flous et ambigus. La musique est un domaine varié et complexe qui prend en compte des facteurs multiples quant aux effets de celle-ci sur l’être humain.

DÉVELOPPEMENT DE L’OUÏE

La musique et ses effets sur l’être humain est liée au développement de l’ouïe chez l’individu. L’ouïe est étroitement liée au sens de l’équilibre et donc au système nerveux central. C’est par l’intermédiaire de ses sens que l’enfant fait ses premières expériences du monde extérieur. L’audition est un des sens les moins précis chez l’être humain, mais elle est toutefois présente dès la vie foetale.

C’est à 6 mois de vie fœtale que le fœtus commence à entendre, son oreille interne étant alors développée. Le fœtus est plongé dans un monde sonore constitué de bruits endogènes du corps de la mère et d’une série de bruits extérieurs transmis in utéro. Le fœtus perçoit mieux les bruits de fréquence basse et la voix humaine est le stimuli auditif qu’il entend le mieux. A 7 mois, le fœtus réagit à des bruits nouveaux par des modifications du rythme cardiaque et des réactions motrices. A la naissance, le nouveau-né est subitement plongé dans un monde rempli d’une multitude de bruits, mais il est aussi pour la première fois en contact avec le silence. L’audition est un des sens qui se développe de façon précoce chez le nouveau-né. Le nouveau-né a une tendance innée à tourner sa tête dans la direction du son produit, ce qui va lui permettre de se mettre en contact avec l’autre. Le nourrisson reconnait tout de suite la voix de sa mère. Il a une préférence pour les sons haut placés et complexes présent par exemple dans la voix humaine. Au fur et à mesure qu’il grandit, l’enfant va être de plus en plus sensible aux intonations et à la musique. L’audition joue également un rôle important dans la relation précoce mère-enfant. C’est notamment par la voix de la mère que l’enfant est placé dans un cadre affectif sécurisant qui lui permet d’appréhender le monde extérieur avec plus d’assurance.

GÉNÉRALITÉS SUR LES EFFETS PSYCHOPHYSIOLOGIQUES DE LA MUSIQUE

Malgré le peu d’expériences pertinentes réalisées sur le pouvoir physiologique de la musique, toutes les recherches affirment l’existence d’un lien de dépendance entre les réactions physiologiques et les réactions affectives dues à une musique. Une même musique peut produire chez des sujets différents des réactions physiologiques très différentes suivant le plaisir qu’elle suscite ou non chez ces sujets.

Certains types de musique favorisent la détente et la relaxation grâce au fait qu’elles peuvent induire l’hypotonie musculaire et la régularisation des rythmes biologiques. L’individu acquière donc un meilleur contrôle tonico-émotionnel. Cela amène chez lui un sentiment de bien-être intérieur qui va favoriser la communication avec lui-même et avec autrui. Cet état d’être intérieur lui permet d’être ainsi plus disponible aux éléments extérieurs qui interagissent avec lui.

La musique peut avoir des actions diverses sur le sujet suivant son rythme, sa mélodie, sa structure, etc. La musique stimule et tonifie, structure, favorise l’accès à l’imagination, facilite la communication avec autrui ou au contraire provoque une envie d’isolement. Elle peut être un outil propice à la méditation, à la distraction et à l’évasion. La musique peut aussi se rapporter à une sensation de liberté.

Le champ d’action de la musique ne dépend pas seulement de la spécificité des éléments composant une musique, mais il est également fonction de la personnalité et de la culture de l’individu. L’attitude du sujet qui écoute ou joue de la musique varie suivant la sensibilité du sujet. Selon E. Lecourt (1980), la musique écoutée a un pouvoir de suggestion qui va provoquer chez le sujet des réactions affectives différentes : des émotions intenses dues au fait que la musique amène chez le sujet des sentiments forts et évocateurs ; ou au contraire un sentiment d’agacement dû au fait que l’individu perçoit l’implication affective comme dangereuse pour lui-même.

La musique peut également être considérée comme un objet de projection et d’identification. Lorsque l’individu joue et s’exprime par la musique, il projette parfois inconsciemment dans cette musique plusieurs aspects propres à sa personnalité. Une musique va évoquer des sensations différentes suivant l’individu qui l’écoute car celui-ci projette dans la musique ses états d’âme du moment. La musique comme objet d’identification s’explique par le fait qu’un individu va être ouvert à écouter une musique particulière lorsqu’il reconnaît en elle certains éléments qui lui plaisent et qui s’harmonisent avec sa personnalité et son état d’être du moment.

INFLUENCE DE QUATRE ÉLÉMENTS MUSICAUX : L’HARMONIE, LA TONALITÉ, LE TEMPO ET LA MÉLODIE

Pour analyser d’une meilleure façon les effets psychophysiologiques de la musique, il est intéressant d’approfondir l’influence de certains éléments musicaux, pris chacun séparément.

L’harmonie

A chaque note de musique correspond une fréquence (exprimée en Hertz). Certaines fréquences de notes sont considérées comme fondamentales (le La fondamental par exemple a une fréquence de 440 Hz). L’harmonie consiste à étudier les rapports entre ces fréquences.

« L’harmonie relève de l’utilisation délibérée de fréquences (hauteurs des sons) simultanées, dans la perspective d’apporter relief et profondeur au chant ou au jeu instrumental » (Wikipédia, 2010)

L’harmonie est une théorie qui classifie les accords en accords consonants et dissonants, en fonction de critères culturels, de goûts, d’époque et de règles musicales générales. L’harmonie est un outil pour la construction d’une œuvre musicale car elle étudie la structure d’enchaînement des accords.

Les accords, en fonction de leur qualité de consonance, de dissonance ou de « perfection », auraient une certaine influence sur les états psychiques de l’individu. Les accords dissonants désignent un ensemble discordant de sons. Ils seraient inducteurs d’agitation, de tension, d’instabilité et de désir. Les accords consonants seraient associés aux notions d’équilibre, de joie et d’ordre. L’accord parfait (accord de trois notes fondamentales avec une quinte juste) quant à lui apporterait de la détente, du calme et de la stabilité.

La tonalité

« La tonalité est l’ensemble des relations entre les degrés hiérarchisés d’une échelle de sons ou d’une gamme, par rapport à la tonique. »

« La tonique est la première note de la gamme du ton dans lequel est composé le morceau. » (Le Petit Larousse, 1996).

La musique classique occidentale distingue deux tonalités : la tonalité majeure et la tonalité mineure qui se différencient par la position des tons et des demi-tons dans l’échelle diatonique (échelle musicale à 7 degrés). La tonalité est aussi liée aux altérations des notes parmi lesquelles on retrouve les dièses et les bémols.

Il existe plusieurs théoriques qui tentent d’expliquer l’influence de la tonalité sur l’être humain et qui démontrent un lien entre la tonalité et la sensibilité du sujet. La tonalité d’une musique entraîne des états psychiques et émotionnels différents suivant que la tonalité est en majeur ou en mineur. Par exemple, « Francès tente d’expliquer ces phénomènes dans « le sentiment vocal et kinesthésique attaché au concept des altérations… : le dièse signifie élévation, donc tension… le bémol abaissement, donc détente… » (Guilhot, Jost & Lecourt, 1973, p. 33).

Le tempo

Le tempo est la vitesse d’exécution d’une œuvre musicale.

Un tempo peut susciter des sensations différentes suivant qu’il soit lent ou rapide. « Un tempo lent entre 63 et 80 suscite des impressions exprimées par les adjectifs : digne, calme, sentimental, serein, tendre, triste. Un tempo rapide entre 102 et 150 suscite des impressions exprimées par les adjectifs : joyeux, excitant, vigoureux. » (Guilhot, Jost & Lecourt, 1973, p. 34).

La mélodie

« La mélodie est une succession de sons ayant entre eux des rapports d’intervalles et de durée. » (Encyclopaedia Universalis, 2010). Elle donne du mouvement à l’air musical. La mélodie serait donc un des facteurs de la qualité expressive de la musique. Il y a eu peu recherche sur l’influence de la mélodie mais il a cependant été dégagé quelques sentiments associées aux mouvements : les mouvements ascendants apporteraient des sentiments de sérénité et d’égaiement ; les mouvements descendants seraient propices aux sentiments de dignité et de solennité.

>>> Sources bibliographiques