Lors du neuvième Congrès Mondial de Musicothérapie qui s’est déroulé en novembre 1999 à Washington D.C., cinq modèles de musicothérapie ont été reconnus comme étant des modèles officiels : le Modèle Nordoff-Robins, le Modèle GIM, le Modèle de Musicothérapie Analytique, le Modèle Benenzon et le Modèle de Musicothérapie Behavioriste. Chaque modèle a ses particularités suivant les courants théoriques dont il s’inspire et suivant les techniques de musicothérapie utilisées.
MODÈLE NORDOFF-ROBINS
Le Modèle Nordoff-Robbins est le Modèle de Musicothérapie Créative et Improvisation. Il a été élaboré aux Etats-Unis par Carl Nordoff et Paul Robbins durant les années 1976 et 1977. Ce modèle se base sur un travail d´improvisation musicale entre le patient et le musicothérapeute sur divers instruments et/ou le chant. Ce type d’intervention en musicothérapie va prend en compte les possibilités du patient, ses conditions neurologiques et ses fonctions vitales. Ce modèle accorde une grande importance à la relation inter-personnelle entre le patient et le musicothérapeute. Il tient ainsi compte de la personnalité des deux individus, en réalisant une improvisation « bilatérale » qui englobe le patient et le musicothérapeute.
MODÈLE GIM (Method of Guide Imagery Music)
Le Modèle GIM, imagerie guidée par la musique (Method of Guide Imagery and Music), a été conçu et développé aux Etats-Unis par Helen Bonny en 1972. Cette même année elle a fondé l’ « Institute for Consciousness and Music ». Helen Bonny s’est inspirée de son expérience personnelle pour créer ce modèle. Elle s’est rendue compte qu’en jouant du violon, la musique avait un pouvoir curatif sur les malades en psychiatrie. Elle a ensuite combiné des techniques de relaxation et des choix de musique classique pour obtenir d’avantage de réponse de la part des patients. Ce modèle s’inspire du courant des thérapies cognitivistes.
Cette méthode psychothérapeutique est basée sur l’emploi de programmes musicaux permettant d’induire, de stimuler et de soutenir chez le sujet des états de conscience proches du rêve. Cette méthode favorise également l’expression du langage figuré.
Une séance GIM commence d’abord par une entretien thérapeute-patient permettant de faire le point sur la situation de vie du patient et de fixer les objectifs de la thérapie qui va être mise en place. S’en suit un temps de relaxation guidée. Ensuite, la patient est soumis à une écoute musicale. La musique va ici permettre au patient d’accéder consciemment à des états plus profonds. Le patient est en même temps invité à exprimer verbalement les images, émotions et sensations évoquées par la musique. Le thérapeute accompagne le sujet dans son expression verbale figurée et l’aide à développer de façon efficace son langage figuré. Après l’écoute musicale, le thérapeute fait un retour au sujet des réflexions faites par ce dernier lors de l’écoute de la musique.
Cette méthode accorde de l’importance au fait que ces expériences de musique et de langage sont uniques pour chaque sujet. Ces séances de thérapie permettent au sujet d’accéder à une conscience profonde de lui-même.
MODÈLE DE MUSICOTHÉRAPIE ANALYTIQUE
La musicothérapeute britannique Mary Priestley est considérée comme une des fondatrices du Modèle de Musicothérapie Analytique. C’est la publication, en 1975, de son livre « Music-Therapy in 14 action » qui a permis d’institutionnaliser ce modèle. Ce modèle est une synthèse de la musicothérapie et de la théorie psychanalytique s’inspirant de C. Jung, S. Freud et M. Klein. Ce modèle se base sur une improvisation musicale réalisée par le patient et le musicothérapeute. Cette improvisation est ensuite analysée afin de dégager les processus inconscients du patient.
MODÈLE BENENZON
Le Modèle Benenzon a été lancé en Argentine, en 1969, par le professeur et docteur Rolando Benenzon. Avant cela, R. Benenzon avait créé en 1965, avec le docteur Bernaldo de Quirós, la commission d’étude de la Musicothérapie en Argentine. C’est à partir de cette commission que s’est créée la faculté de Musicothérapie au sein de la faculté de Médecine de l´Universidad del Salvador à Buenos Aires.
Le Modèle Benenzon s’inspire des théories élaborées par divers auteurs en psychologie tels que Freud, Jung, Winnicott, Watzlawick et K. Lorenz ; il s’inspire des idées de certains pédagogues musicaux tels que Kodaly, Orff et Dalcroze ; et enfin il se base sur les études dans le domaine sonore et musical réalisées entre autres par C. Sachs, M. Shaffer et P. Schaeffer. R. Benenzon a continué à construire, structurer et enrichir ce modèle au cours des années suivantes grâce à la pratique clinique en musicothérapie et à la formation de futurs musicothérapeutes dans plusieurs pays du monde.
Ce modèle définit la musicothérapie comme étant une psychothérapie non verbale centrée principalement sur le patient, malade ou non, considéré comme un être humain, et en relation avec le musicothérapeute. Cette méthode se centre donc d’avantage sur le sujet et moins sur la musique en tant que médiateur. R. Benenzon remplace le terme de musicothérapie par celui de musicopsychothérapie. « Le musicopsychothérapeute est un psychothérapeute qui permet à un individu de faire revenir toutes ces expériences qui n’ont pu être déchargées en temps opportun et par les voies existantes à cette époque et ce, à travers l’utilisation du son, de la musique, du mouvement, des gestes, des mimiques, des instruments corporo-sonoro-musicaux, de l’odeur, de la température, de la texture, du silence et des pauses, du temps et de l’espace. » (R. Benenzon, 2004, p. 113).
R. Benenzon part du principe qu’il est possible de travailler sur la conscientisation de l’Inconscient à partir de la communication non verbale, et pas seulement par la parole comme le préconisent la plupart des théories psychologiques.
Un des concepts clés à la base de ce modèle est le concept de l’Identité Sonore (ISo). Selon ce concept, chaque être humain est constitué d’une Identité Sonore unique, qui lui est propre. L’ISo est composé d’un ensemble d’énergies et d’une dynamique de mouvements, de sons et de silences, aux travers desquels s’exprime l’être humain. Cette faculté d’expression de l’ISo s’inscrit dans un contexte non verbal. L’ISo individuelle correspond à l’Identité Sonore qui caractérise un individu en particulier. Lorsque deux personnes ou plus entrent en relation l’une avec l’autre, l’ISo d’un sujet interagit avec l’ISo de l’autre pour former alors un ISo en Interaction. L’ISo en interaction a une structure et une dynamique propre et est constitué d’une accumulation des énergies issues de la relation entre les individus.
Benenzon distingue l’ISo du principe de l’ISo. « J’appellerai principe de l’ISo le principe de la musicopsychothérapie qui énonce : pour ouvrir des canaux de communication entre le patient et le musicothérapeute, il est nécessaire de reconnaître les ISo du patient et les équilibrer avec les ISo du musicothérapeute. » (R. Benenzon, 2004, p. 37).
Pour R. Benenzon, la musicopsychothérapie est une forme de psychothérapie non verbale réalisée en individuel dans un cabinet spécialement conçu pour une séance de musicopsychothérapie. R. Benenzon décrit quinze étapes permettant de réaliser une séance de musicopsychothérapie. Ces quinze étapes de référence constituent un ensemble de rituels précis permettant d’établir dans la durée un processus musicopsychothérapeutique. Ces étapes comportent la préparation du musicopsychothérapeute avant l’arrivée du patient, la rédaction de deux protocoles d’entrée, l’accueil du patient, la réalisation de la séance, la reconduction du patient, la rédaction de deux protocoles de sortie, et la finalisation de la séance en l’absence du patient.
MODÈLE DE MUSICOTHÉRAPIE BÉHAVIORISTE
Le Modèle de Musicothérapie Béhavioriste a été fondé aux Etats-Unis par Clifford Madsen, en 1975, lorsqu’il publie le livre « Research in Music Behavior. Modifying Music Behavior in classroom ». Ce modèle se base sur l’idée qu’il est possible d´établir une relation de cause à effet entre la musique et la conduite. Dans ce modèle, la musique est considérée comme un opérateur conditionnant qui permet de renforcer la conduite altérée. L’expérience musicale a donc un impact sur l’individu, impact qui est observable et mesurable.
>>> Sources bibliographiques